Solidarité

Plus de 800 collaborateurs ont déjà répondu à l’appel de la Fondation Francis Bouygues. Objectif : accompagner des étudiants méritants, venant de familles aux revenus très modestes. Grâce au dévouement et au goût du partage de leur marraine ou parrain, de nombreux jeunes ont pu accomplir leur rêve professionnel. Portraits de ceux qui mettent en mouvement l’ascenseur social.

Par Isabelle Godar

“Francis Bouygues avait la conviction que les hommes et les femmes, d’où qu’ils viennent, devaient bénéficier des mêmes chances et évoluer grâce à leurs compétences et leur volonté. Il avait le don de déceler le talent chez chacun.”

Martin Bouygues

Président-directeur général du Groupe Bouygues

Portrait de Martin Bouygues

Fondée en 2005 par Martin Bouygues, la Fondation qui porte le nom du fondateur du Groupe apporte une aide financière et un accompagnement humain à des étudiants en difficulté financière. Ce sont des bacheliers prometteurs, qui rêvent de devenir professeur, ingénieur, styliste, ou encore chercheur. Chaque année, ils sont une centaine sélectionnés pour bénéficier de bourses d’excellence allant de 1 500 à 5 000 euros annuels, souvent en complément des aides de l’État. Au soutien financier s’ajoute le suivi individuel, pendant toute la durée des études supérieures (bac +5) par un parrain, collaborateur du Groupe, ou ancien boursier de la Fondation.

Le rôle du parrain est de suivre la scolarité de son filleul, de l’encourager et le conseiller dans son orientation. De lui donner les codes de l’entreprise pour préparer son entrée dans la vie active avec de solides atouts. Les binômes sont formés par centres d’intérêts communs, similitude de parcours ou proximité géographique. Ils se voient plusieurs fois par an, et échangent régulièrement par mail, visio ou téléphone. Chaque relation est unique et se construit avec le temps. L’expérience des parrains est motivée par l’envie d’être utile socialement, et comme source d’enrichissement personnel. Preuve en est : beaucoup de collaborateurs se réengagent à l’issue d’un cycle de parrainage.

La fondation en chiffres

800

dossiers étudiants reçus

150

dossiers présélectionnés soumis au jury de la Fondation

100

boursiers admis

Depuis 2005

889

parrains (861 collaborateurs et 28 anciens filleuls)

889

étudiants soutenus et parrainés

418

diplômés entrés dans la vie active

Les marraines et parrains témoignent

“J’aime leur regard sur la vie et leur optimisme”

“Francis Bouygues avait la conviction que les hommes et les femmes, d’où qu’ils viennent, “Je suis le parrain de trois filleuls de la Fondation. Ils sont basés dans ma région et font des études d’ingénieur, de philosophie et de sciences politiques. Nous nous voyons parfois tous ensemble. J’aime leur regard sur la vie et leur optimisme, cela me libère de mes idées reçues et m’ouvre l’esprit sur d’autres façons de penser. La relation avec chaque filleul prend du temps à se construire ; au début, ils nous vouvoient puis petit à petit, ils se confient sur des sujets personnels. C’est une relation sur le long terme et je garde contact encore aujourd’hui avec mes anciens filleuls. En tant qu’adultes, il est de notre devoir d’accompagner les jeunes générations et de les aider à s’accomplir. En fonction de notre milieu familial et social, nous n’avons pas les mêmes chances de réussite professionnelle ; certains parrains ont pu connaître ces mêmes difficultés par le passé. C’est une chance de pouvoir s’engager pour ces jeunes par le biais de la Fondation, et j’encourage tous les collaborateurs, quel que soit leur métier ou leur ancienneté dans le Groupe, à vivre cette expérience.”

Olivier Ottavi

Directeur régional Bouygues Telecom Entreprises à Lille

“Mon filleul m’aide à comprendre les jeunes générations”

“Avec Jules, nous habitons le même quartier à Lyon et nous nous voyons régulièrement autour d’un verre. Sa famille habite dans la région Nord et c’est rassurant pour lui d’avoir un repère à proximité. Il prépare une école d’ingénieur. J’ai le même profil mais je n’ai pas besoin de l’aider puisque c’est un haut potentiel et il ne rencontre aucune difficulté à apprendre. Mon rôle consiste plutôt à le préparer à la réalité du monde du travail. Je lui conseille également de ne pas s’isoler, de sortir un peu la tête de ses livres et de profiter de sa jeunesse. Échanger avec lui me donne des clés pour mieux appréhender les jeunes de sa génération et leurs codes. J’encadre des profils de la génération Y et Z et j’observe déjà qu’ils ont une vision différente de la vie et du sens accordé au travail.”

Bastien Roy

Directeur des opérations pour Bouygues Immobilier à Lyon

“Il y a un enrichissement réciproque, un soutien mutuel”

“En tant que marraine, j’ai pu avoir tendance à projeter mes rêves sur mes trois filleuls successifs : Nicolas, Gaëlle et Mariam. Par exemple, compte tenu des très bons résultats de Mariam en physique-chimie, je l’ai poussée, dans un premier temps, à entreprendre une classe préparatoire, avant de réaliser qu’elle aspirait plus à un cursus universitaire. Cela m’a appris à être plus à l’écoute et à faire preuve d’humilité face à des jeunes avec des personnalités très différentes. Il y a un enrichissement réciproque, un soutien mutuel. Nos filleuls demandent qu’on leur parle aussi de nous, de nos doutes, de nos fragilités. Cela les encourage à sortir de leur carapace ; car le dénominateur commun de ces jeunes est leur manque de confiance en eux et leur difficulté à croire qu’ils y arriveront. Ils ont besoin d’être valorisés. Être marraine pour la Fondation donne du sens à mon activité. Mon manager m’a toujours encouragée dans ce sens car il sait que cela contribue à mon épanouissement professionnel.”

Cécile Rosenberg

Juriste en droit du travail chez Bouygues Construction à Saint-Quentin-en-Yvelines

3 questions à

Jean-François Guillemin

Président de la Fondation Francis Bouygues et ancien secrétaire général du groupe Bouygues

En quoi les missions de la Fondation s’inscrivent-elles dans l’ADN du Groupe ?

Jean-François Guillemin

En 1952, Francis Bouygues a créé son entreprise avec de faibles moyens. Dans ses discours, il disait que “l’entreprise n’est rien sans les hommes” et il soulignait souvent l’importance essentielle de la fraternité. Le Groupe ne l’a pas oublié. C’est bien son ADN qui est porteur du projet de la Fondation, à savoir permettre aux meilleurs bacheliers issus des familles défavorisées de franchir l’étape déterminante des études supérieures.

Dans quelle mesure la Fondation répond-elle aux attentes de la société ?

J-F G

Pour Martin Bouygues, qui a créé la Fondation en 2005, il s’agissait tout simplement de rendre à la société ce que nous avions reçu. Le mauvais fonctionnement de l’ascenseur social est l’un des plus grands maux de la société française. La Fondation répond à une forte attente en donnant à ses étudiants un tremplin pour mener leurs études avec succès. Une immense majorité d’entre eux sait saisir cette chance, chaque année les talents, le courage et la réussite de nos boursiers nous impressionnent !

Quels sont ses défis actuels et à venir ?

J-F G

Le défi est la poursuite de notre action dans un environnement économique et social qui va être très difficile. Bouygues, les cinq Métiers, mais aussi les marraines et parrains, nous donnent les moyens de notre action. Qu’ils en soient remerciés !