Fiction

COMME À L’ÉPOQUE
Chapeau haut de forme, redingote et chaussures bien cirées, un homme traverse la rue Louis Boilly dans le XVIe arrondissement. Un fiacre stoppe sa course devant le musée Marmottan Monet. Les portes s’ouvrent et... “Coupé !” résonne entre les murs artificiels du décor. “On la refait”, crie Alexandre Laurent. Le réalisateur, déjà aux commandes de La Mante et du Secret d’Élise, deux succès d’audience pour TF1, avec plus de 6 millions de téléspectateurs en moyenne, veut la perfection pour cette série en huit épisodes de 52 minutes. Coproduction de la chaîne et de Quad télévision, le Bazar de la Charité est une plongée dans le Paris de la fin du XIXe siècle. Ici, tout a été pensé pour recréer un décor fidèle à l’époque. Une grande colonne Morris couverte d’anciennes affiches publicitaires camoufle un parcmètre, un fin gravier noir recouvre le bitume de la large rue choisie pour cette scène où tous les panneaux de signalisation ont disparu. “Le plus compliqué, c’est qu’aujourd’hui plus rien ne ressemble à ce qui se faisait à cette période”, reconnaît Iris Bucher, productrice de cette mini-série ambitieuse.


SUPERPRODUCTION FRANÇAISE
Au rythme des “Action !”, le cocher aux commandes du fiacre enchaîne les allers-retours. Ses chevaux, irrités par le bruit ambiant et les projecteurs, tentent de rester dans leur rôle, tandis que les figurants se couvrent d’un plaid pour se réchauffer entre deux scènes et reprennent leurs activités du XXIe siècle. Un premier retire sa fausse moustache et tire sur sa cigarette électronique, alors qu’une autre, habillée en jeune servante, textote sur son smartphone. Durant les six mois de tournage, de novembre 2018 à avril 2019, pas moins de 3 000 figurants se sont relayés devant les caméras d’Alexandre Laurent. Auxquels il faut ajouter près de 200 techniciens nécessaires à cette superproduction au destin international.
Comme le confirme Stéphane Éveillard, directeur des Acquisitions Fiction française et Flux chez TF1 : “Le Bazar de la Charité est un projet extrêmement ambitieux dans sa facture et universel dans les destins qu’il décrit. TF1 Studio1 distribue le projet et a une grande ambition à l’international”. Preuve de cette ambition, TF1 et Netflix, le leader mondial du divertissement en ligne, ont signé un accord inédit autour du préfinancement du Bazar de la Charité. Ce partenariat permettra à Netflix de bénéficier pour une durée de quatre ans de l’exclusivité SVOD2 de la série pour le monde. Les droits seront disponibles pour Netflix en France à compter du huitième jour après la première diffusion du dernier épisode de la série. “Cela traduit notre volonté de pouvoir investir plus fortement dans une fiction française de qualité internationale”, a déclaré Ara Aprikian, directeur général adjoint Contenus du groupe TF1.
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UN SCÉNARIO BRÛLANT
Une épaisse fumée blanche s’échappe des imposantes portes tambour du décor. Pas d’affolement sur le plateau. Les scènes sensibles de l’incendie à l’intérieur du Bazar de la Charité ont été tournées quelques semaines plus tôt dans les studios de Bry-sur-Marne, près de Paris. “Des scènes de flammes de cette ampleur, c’est une première en France. Il y avait 60 bouteilles de gaz sur le plateau, une minute d’inattention et cela pouvait être catastrophique”, explique Yves Demenjoud, superviseur et responsable des effets spéciaux. “Parfois, les acteurs ne jouaient plus la peur mais la ressentait”, raconte d’ailleurs Alexandre Laurent.
Pour répondre à toutes les contraintes liées au feu, 200 costumes ont été tout spécialement conçus. “Je ne pouvais utiliser que des matières naturelles et surtout pas de synthétiques, explique Valérie Adda, la créatrice des costumes, un peu décontenancée. C’était difficile de voir ces créations partir en fumée, mais tellement impressionnant de vivre ça.”
CASTING 5 ÉTOILES
Chevelure rousse couronnée d’un chapeau à voilette, bijoux étincelants et robe haute couture, Audrey Fleurot se distingue aisément des 80 figurants présents pour cette journée de tournage. L’héroïne d’Engrenages et d’Intouchables incarne Adrienne de Lenverpré, une aristocrate, féministe avant l’heure et malheureuse en amour. “J’adore jouer en costume et ne pas me reconnaître dans le miroir. Je suis nostalgique de l’âge d’or des sagas, de ces fresques romanesques”, se réjouit-elle entre deux prises. Antoine Duléry, Josiane Balasko, Gilbert Melki ou encore Stéphane Guillon viennent compléter ce casting 5 étoiles. “Il fallait des personnages principaux suffisamment connus pour porter la série”, justifie Iris Bucher. Et parmi ces stars, TF1 a aussi choisi des visages familiers de la chaîne : Julie de Bona, héroïne de la série Le tueur du lac, Camille Lou déjà à l’affiche des Bracelets rouges ou encore Victor Meutelet (Clem et Les Innocents) et Florence Pernel (Mes Amis, Mes Amours, Mes Emmerdes) qui incarnent l’ADN de TF1.
23h45, rue Louis Boilly. Le dernier projecteur s’éteint sur cette journée de tournage. Comédiens et figurants peuvent enfin retrouver le confort d’un jean et d’une paire de baskets. Quant aux téléspectateurs de TF1, ils devront attendre le second semestre 2019 pour découvrir cette ambitieuse saga d’époque.

LE PITCH
Paris, 4 mai 1897. Un incendie dévastateur détruit en quelques minutes le Bazar de la Charité, l’édifice abritant une manifestation caritative, faisant plus de 120 morts. À cette occasion, trois femmes, Adrienne de Lenverpré, Alice de Jeansin et sa gouvernante Rose Rivière, voient leurs destins bouleversés.

SILENCE ÇA TOURNE !

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